Sur ma route
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Un petit os… merveilleux ?
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L'enseignement a pour but de « construire » un homme. Plusieurs méthodes importantes sont employées :
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La première consiste à accumuler un savoir.
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La deuxième est déjà beaucoup moins commune. Elle a pour but d'apprendre à l'élève à rechercher les informations sur un sujet donné.
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Quant au troisième objectif, il arrive en dernière position et n'est pas toujours pris en compte à sa juste valeur. Lorsque l'élève apprend quelque chose, on le sollicite aussitôt pour être professeur. Il doit transmettre à d'autres son savoir nouvellement acquis.
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Inciter l'élève à devenir participatif au maximum est vraiment très important.
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Dans l'exercice de mon métier, j'ai pu au maximum appliquer cette méthodologie puisque dans notre ferme, plus de 200 jeunes nous ont été confiés. D'une certaine manière notre ferme fut une école.
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Entre 1971 et 1982, à l'époque où le clergé me faisait entièrement confiance, j'ai exercé la même stratégie auprès des enfants et des adultes. Par exemple, je prenais pendant la première partie de la messe entre 6 et 10 enfants à l'écart. Je leur racontais les paraboles de Jésus et je leur apprenais à mimer. Les plus éveillés devenaient vite mon bras droit et enseignaient à leur tour.
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Il en est ainsi avec Béatrice. Béa est la première d'une fratrie de sept enfants. Les parents dirigent une entreprise de mécanique agricole. Nos rapports sont cordiaux et même amicaux. Ils sont les précieux réparateurs de mon matériel, très consciencieux.
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Faute d'argent sans doute, Béatrice ne peut fréquenter assidûment l'école. Hélas.
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Par ailleurs, ses parents ne sont certainement pas non plus responsables de l'usure du seuil de la porte de l'église.
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Un dimanche matin je demande à Béa de raconter une des merveilles qu'elle aurait reçues du Seigneur.
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Voici son histoire :
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« En vélo, je tombe sur la route. Un coup violent au talon me fait très mal. J'ai neuf ans. Mes parents choisissent une médecine au moindre coût. Je prends des médicaments, de temps en temps une infiltration m’est infligée ; cependant il n'est pas envisagé d'opération. J'ai mal. Au lieu d'aller à l'école, je reste souvent dans ma chambre, seule. Pendant deux ans je souffre. La marche est pénible. Ma communion solennelle approche, je risque de ne même pas pouvoir y participer. Je panique. Un mois auparavant, le médecin renouvelle mon ordonnance et envisage une infiltration juste avant la cérémonie. J'en ai marre, vraiment marre. Je suis déçue de ne pas être comme les autres. J'ai crié à Jésus :
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"Je désire faire ma communion solennelle, c'est pour toi Jésus et je ne vais même pas pouvoir la faire. Si tu veux que je la fasse, guéris moi. Je n'en peux plus".
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Et bien une semaine auparavant, soit six jours avant la date de ma communion, un petit os sort de mon talon. Ma douleur disparaît aussitôt.
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La veille du grand jour, mes parents me conduisent en consultation. Le médecin constate ma guérison. Celui-ci se réjouit de l'efficacité de son traitement et n'envisage plus d'infiltration.
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Je suis soulagée parce que une telle piqûre m'aurait vraiment été insupportable. Quant aux médicaments, il y a belle lurette que je les jetais à la poubelle puisqu'ils me démolissaient l'estomac ».
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Personne d'autre que toi ne connaît le vrai médecin, me confie-t-elle. Si j'ai témoigné auprès des enfants, c'est grâce à toi Jean-Paul puisque tu es le seul capable de me croire.
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Dois-je douter du témoignage de Béatrice ?
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Ma confiance en elle ne comporte aucune équivoque. Son aptitude à enseigner en catéchèse dès l'âge de 14 ans auprès d'une petite équipe d'enfants ne fait aucun doute pour moi, tellement sa détermination est grande, tellement sa reconnaissance envers son Guérisseur est profonde et induit sa motivation.
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Nos échanges de regards sont désormais chargés de complicité et de complaisance. Nous portons ensemble un secret.
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Quarante ans après, lorsque j'écris son témoignage je suis toujours aussi ému qu'au moment où elle l'a relaté. Pendant très longtemps, elle et moi sommes restés en admiration devant un signe provenant du Ciel.
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Il fut le premier d'une telle intensité. Il y en aura d'autres.
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Dans ma première paroisse, il s'est produit tellement de similitudes avec la petite de Lourdes qu'il m'est possible d'affirmer :
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Ma Bernadette à moi s'appelle Béatrice